J’adore varier les sorties de marche nordique. En groupe, je m’adapte au choix du coach. Seul, je décide selon l’envie du moment ou le plan d’entrainement en cours. Séance de fractionné, sortie cool, sortie longue, parcours prédéterminé ou au hasard selon l’inspiration du moment, tout est bon pour y prendre du plaisir.
Les contraintes d’un plan d’entrainement
Si on veut être rigoureux pour la préparation d’un objectif, le respect de sorties adaptées s’impose. Pour l'objectif de "marathon nordique" que je me suis fixé, j’intègre notamment une sortie longue hebdomadaire dans laquelle j’insère des séquences à l’allure spécifique de mon objectif : 8 x 20 minutes (voir Un outil pour une sortie à allure spécifique) ou des variantes comme 3 x 50 minutes. Mais la récupération et l’écoute de son corps est tout aussi importante. Des contraintes de calendrier m’empêchent de prendre une semaine allégée de récupération qui serait la bienvenue. Alors, après quelques hésitations pour la dernière sortie longue de ma préparation, je trouve un compromis : je la maintiens mais sans objectif. Pas d’allure cible : au feeling. Pas de parcours prédéfini, on verra bien, juste marcher entre 25 et 30 km.
Du plaisir de marcher, juste marcher
Me voilà donc parti, sans idée préconçue si ce n’est celle de faire durer le plaisir et de maintenir un « beau geste nordique » tout au long de la sortie. J’ai rempli ma poche à eau à ras-bord et prévu les encas (une barre céréale et deux pâtes de fruits). Je pars en terrain connu, mais direction je ne sais pas trop où, si ce n’est vers un secteur sur lequel je ne marche pas très souvent : elles sont grandes les forêts tout autour !
Je pense encore à mon objectif de marathon pendant les premiers kilomètres. Allez tiens, je vais prendre cette belle grimpette en lacets : du dénivelé c’est tout bon pour ma préparation ! Et si je mettais en plus les gaz pour un coup de cardio pendant une dizaine de minutes ? Hop c’est parti. Arrivé en haut, le rythme cardiaque retombe rapidement. Oubliée, la fatigue qui m’a fait hésiter à partir. Je me sens super bien, « ici et maintenant ». Ça me fait penser aux apports de la méditation : lâcher prise, laisser glisser les pensées, faire le vide. Pas de contrainte, pas de pression, plus d’objectif, je veux juste maintenant profiter du bien-être qui s’installe et de la beauté des parcours au hasard des chemins que j’emprunte.
Du plaisir de se perdre.
La première dizaine de kilomètres m’est familière, je connais par cœur tous les sentiers autour du point de départ que j’ai choisi. Arrivé sur une des nombreuses routes forestières qui sillonnent le secteur, je bifurque rapidement un sentier que je pense connaitre aussi pour quitter les quelques mètres de bitume que je viens de subir. Je réalise tout de suite que ce n’est pas celui auquel je pense : je n’ai pas vu « le chêne rabuté » l’un des arbres remarquables de la forêt qui marque son entrée. Pas grave, au contraire c’est trop bien de marcher sur un nouveau sentier, je n’espérais plus en découvrir dans le coin. Ça monte à nouveau, puis le sentier s’étiole (pas moi) et je finis par me retrouver en « hors-piste » dans la forêt. Aller, droit devant en levant les pieds pour éviter les pièges des branches mortes au sol. Évidemment, la technique de marche nordique n’est plus au rendez-vous. J’arrive sur un nouveau sentier que je ne reconnais pas. Je prends à droite ou à gauche ? Au pif : à droite. Nouveau croisement : un beau chemin se présente sur la gauche, que je ne reconnais pas non plus. Ok, on y va, on verra bien. Évidemment je n’ai pas de carte.
Et ainsi de suite... là je me trouve vraiment dans le flou ! Finalement, je suis envahi par un immense sentiment de LIBERTE. Moi qui voulais oublier les contraintes, c’est gagné ! Même plus besoin de se préoccuper du choix de l’itinéraire, il suffit de se laisser porter. J’ai le temps, juste envie de mettre un pied devant l’autre. J’arriverai bien, tôt ou tard, à un endroit que je reconnaitrai. Les sentiers se succèdent, les montées, les descentes, les traversées de petites routes forestières. Là j’ai vraiment lâché prise : je bifurque d’un côté ou de l’autre selon l’inspiration du moment, peu importe. Une autre pensée me revient : ce n’est pas la destination qui importe, c’est le chemin !
Je finis par voir au bout d’une grande allée des flots de véhicules sur une route perpendiculaire. C’est la D438, le seul axe de circulation dans le coin, qui délimite l’ouest du secteur forestier sur lequel je déambule. Je connais mieux la forêt de l’autre côté, j’y suis déjà allé plusieurs fois à partir d’un autre point de départ. Mais je décide de rester de ce côté-ci : de l’autre ça m’emmènerait vraiment loin.
Retour à la réalité
J’arrive tout à coup à un endroit sur lequel je suis déjà passé un peu plus tôt. J’ai un petit doute mais qui se lève rapidement : je reconnais ensuite différents éléments remarquables du sentier. Je redescends brutalement sur terre : là je tourne en rond !!!
Au bout d’une quinzaine de kilomètres, à l’extrémité de mon parcours, je me dis qu’il serait peut-être temps de trouver le chemin du retour. Certes je n’ai pas de contrainte mais quand même ! Je suis parti pour 25 à 30 km, plus ce serait de la gourmandise. Et je ne veux surtout pas renouveler l’expérience d’y il a quelques semaines : terminer à sec après avoir vidé l’eau de mon camlebag : je ne suis pas très sobre en marchant. Pas de carte, pas de cartographie sur ma montre Polar, je décide de sortir mon smartphone pour jeter un coup d’œil sur google map. Pas de réseau, évidemment ! J’essaie mon appli de géolocalisation, rien non plus ! Je constaterai au retour que mon smartphone a décidé, lui aussi, de déconnecter : il s’est mis tout seul en mode avion !!!
Je suis quand même curieux de savoir par où je suis passé. Je constaterai plus tard après mon retour, en synchronisant ma montre sur mon appli polarflow, que je n’ai pas tourné en rond… mais dessiné de beaux rectangles.
Je continue de tourner au hasard et, arrivé une nouvelle fois sur une même route forestière, je l’emprunte cette fois dans l’autre sens. J’arrive à un croisement par lequel je suis passé aussi, décidemment je suis passé partout ! Maintenant que je suis attentif, je découvre un panneau que je n’avais pas remarqué avant. Il indique la direction d’un carrefour que je connais. Je suis sauvé, me voilà sorti de la terra incognita. Il y a encore du chemin pour rentrer, mais là je reprends les rennes.
Du plaisir d’être à l’écoute de ses sensations
Le retour sur des chemins à nouveau familiers m’amène à me recentrer sur ma technique de marche et mes sensations. Après plus de 20 km, j’estime qu’il m’en reste une petite dizaine pour rentrer. Je me sens toujours bien, pas de fatigue excessive, que du bonheur. Je profite de beaux chemins plats pour augmenter l’amplitude de mes mouvements. J’alterne aussi avec des portions en augmentant la cadence, au feeling, sans trop faire monter le cardio quand même. Mes cuisses commencent à être sensibles, de plus en plus après chaque petite montée ou grosse descente. J’accueille cette sensation non pas comme une douleur mais positivement, comme le signe que ma sortie m’est profitable en contribuant au renforcement musculaire qui me sera bien utile le jour J.
Au final :
Une belle sortie de 28 km, en un peu moins de 4h30 de plaisir : bien visé finalement par rapport à mon programme du jour.
820 m de D+, mine de rien, et 6,2 km/h de moyenne. Pas d’objectif d’allure spécifique, mais quand même le tiers de la sortie effectuée à 7 km/h et plus.
Finalement, oui on peut complétement lâcher prise et bien « travailler » en même temps.
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