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Une marche nordique pas comme les autres


Il est des sorties remarquables en marche nordique dont on se souvient longtemps. Remarquables parce qu'on l'a voulu, parce que le hasard en a décidé ainsi, parce que ce jour-là on se trouve dans une forme "d'état de grâce" -physique et spirituel- qu'on n'explique pas, parfois un peu de tout ça à la fois.


C'est ce que je viens de vivre. D'où l'idée de partager ce moment avec celles et ceux qui auraient envie d'en lire le récit. Et pourquoi pas aussi de donner envie de le faire à celles et ceux qui voudraient nous raconter un beau souvenir.


J'ai décidé par cette fraîche journée de décembre de m'offrir une sortie "tonique" en solitaire, en partant tard dans l'après-midi, donc avec un retour programmé à la nuit tombée. Cette fois en musique (parfois oui, parfois non !) avec un playlist de circonstance : Blues Rock Roadtrip. Aller, "on the road again", heu non, sur mes sentiers à nouveau ! J'ai choisi un de mes secteurs préférés, 100% chemins et petits sentiers forestiers, avec un dénivelé sympa qui n'engendre pas la monotonie.


De bonnes sensations dès le départ m'incitent à maintenir un rythme soutenu, une bonne façon d'ailleurs de ne pas être gêné par le froid ambiant accentué par l'humidité de la forêt. Que du bonheur !

Le jour commence à tomber, pas de souci c'était prévu, j'ai ma frontale dans mon camelbag. Je n'ai d'ailleurs pas besoin de la sortir tout de suite, entre chien et loup (ni l'un ni l'autre rencontré sur le parcours heureusement). Je poursuis donc dans une semi-pénombre, sans difficulté. Sur un beau chemin plat, j'en rajoute une couche pour la cadence, porté par des rocks qui me donnent une pêche d'enfer. Je bat alertement la cadence avec mes bâtons.


Surprise : je débouche à un moment donné sur… une route forestière pas prévue du tout dans mon parcours. Je de demande même laquelle est-ce ? C'est clair (non pas trop), je me suis perdu ! C'est pourtant un coin que je connais "comme ma poche". Mais pour le coup, elle est bien sombre ma poche, je n'en reconnais même plus les coutures. Je quitte aussitôt le bitume de la route par un chemin qui se présente… sans le reconnaître non plus. C'est génial, j'adore !!!


Pas de panique, après une nouvelle belle portion de plat et un longue descente bien raide où je reste vigilant, je finis par arriver à un croisement que je reconnais.

Je me dis que là, il est temps de sortir ma frontale ! Nouvelle surprise : elle ne projette qu'un pauvre halo faiblard, qui peine à percer la brume projetée par ma respiration. Aïe, j'ai oublié de recharger la batterie !!! Tant pis, autant l'éteindre pour conserver ce qui reste d'énergie pour la fin (j'ai à peine dépassé la mi-parcours). Un ciel nocturne relativement clair me permet de deviner le chemin, plus que le voir d'ailleurs. Je dois faire confiance aux qualités de proprioception de mes pieds pour s'adapter tout seul, comme des grands, aux irrégularités du sentier. Ce n'est pas trop le moment de me fouler une cheville : je ne suis pas sûr d'avoir du réseau pour appeler les secours. Bon, je le lève quand même, le pied, restons prudent !

Ça pourrait être l'angoisse, mais non, j'éprouve un plaisir et un bien être extraordinaires dans cet environnement un peu magique. La musique me tient chaud au cœur. Mon nouveau casque audio à conduction osseuse me permet d'entendre le hululement d'un hibou qui me demande ce que je fais là à cette heure.


Je reste attentif cette fois au parcours, un moment d'ailleurs à nouveau incertain du sentier sur lequel je marche. Mais tout va bien, je reconnais régulièrement des points de repère sur le bord. Cette fois, c'est vraiment nuit noire, je finis par me décider à rallumer ma frontale en sollicitant ce qui lui reste d'énergie pour parcourir le dernier single à emprunter pour me ramener au parking. Allez petite lumière, reste avec moi !


Tiens, le voilà le parking. Ça, c'est fait ! Je me dis quand même en rentrant que je n'ai pas été très prudent sur ce coup-là : je me suis habillé tout en noir, j'aurais pu me faire renverser... par un sanglier !


En tout cas, cela fait partie des moments extraordinaires pour un marcheur nordique, qui restent gravés en mémoire.


Oui vraiment, sortir de la routine, en marche nordique aussi, ça fait du bien et ça rend heureux !

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