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Mon caillou mon amour


Un échauffement en musique, un sas de départ dédié aux favoris, une ambiance surexcitée, des jambes qui ne demandent qu’à avancer…puis un soleil de plomb, une marche cadencée depuis bientôt 11 km, du bitume qui chauffe les mollets, des sentiers forestiers vénérés pour leur ombrage, des racines qui en font chuter plus d’un, des vues imprenables sur le golfe du Morbihan et ses anses aux bateaux, une odeur d’iode et d’algues humée avec bonheur…puis le chemin étroit des douaniers où il ne faut pas glisser, les bâtons resserrés pour ne pas déraper, les mains éraflées contre le mur, les enfants qui jouent aux châteaux de sable, l’odeur de la crème solaire qu’on échangerait bien contre celle du type de devant…les sentiers à nouveau… un caméraman connu qui surgit de nulle part pour soutenir, encourager et bien sûr immortaliser les visages qui se durcissent au fur et à mesure du temps écoulé, le ravitaillement des 12,5 km et un gobelet renversé sur la tête …puis… ce caillou qui viendra se glisser dans ma chaussure gauche, sous mon talon plus exactement … un caillou que j’imagine petit, un petit caillou qui me piquera et me repiquera sans cesse, et qui m’accompagnera jusqu’au 26ème km sonnant la délivrance. Un caillou que je décide d’accepter comme faisant désormais partie de moi (c’est en tout cas l’impression que j’ai, imaginant mon talon ensanglanté par cette punaise). Des cailloux sur son chemin …qui n’en rencontre pas ? …il est là, je fais avec, je vis avec, j’avance avec…pendant 2 longues heures au point de l’oublier et de vivre cette course en remerciant le ciel de me faire vivre un tel moment, je marche, je respire à pleins poumons en pensant à mon ami qui n’a plus cette chance, qui souffre, j’avance pour lui…putain de petit caillou…tu me fais mal mais je t’aime bien quand même…tu ne me feras pas dévier de mon objectif, j’avale un gel anti coup de pompe, j’augmente la vitesse sur les deux derniers kilomètres pour remonter au classement, sous les applaudissements des gens qui m’appellent par mon prénom, je remonte autour de 8km/h avant de franchir la ligne d’arrivée sous l’œil attendri de mes parents chéris, dans le focus fier de mon homme, face aux photographes qui j’espère ne louperont pas mon beau sourire sous l’arche rose de cette course mythique. Les muscles raidis par ces derniers efforts, j’attends et regarde émue mes co-équipières passer la ligne d’arrivée, les traits tirés, les larmes brûlantes. 882 arrivants dont 552 femmes. 26km en 3h32. Je termine 109ème au scratch. 25ème femme, 11ème de ma catégorie.


Sur l’Ultramarin à Vannes, en 2015


En savoir un peu plus sur Carine.

Marcheuse nordique au club Roumare trail (près de Rouen)

Championne de Normandie 2018

Coach marche nordique, accompagnatrice forme et bien être autour de la marche nordique et du yoga

Amoureuse des mots et de l’écriture.

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